Les écolos bretons veulent réserver les achats immobiliers aux résidents Après la Corse, les Bretons. L’idée d’interdire les achats immobiliers aux non-résidents continue de faire son chemin. Mais une fois n’est pas coutume, ce ne sont pas les indépendantistes, comme pour l’île de Beauté, qui militent pour cette mesure radicale, mais les... écologistes. L’idée a été soumise par un militant de l’Union démocratique bretonne (UDB), écologiste et autonomiste et a été reprise, dans son programme par la liste Bretagne d’Avenir emmenée par les Verts aux élections régionales (20 et 27 juin). » LIRE AUSSI - Immobilier: le renouveau des résidences secondaires Nil Caouissin, professeur d’histoire-géographie, veut interdire l’achat d’un logement à toute personne ne résidant pas depuis au moins un an sur l’intercommunalité concernée, pour permettre à des résidents à l’année de s’installer. Son objectif, avec cette proposition, est de réduire le nombre d’acquéreurs potentiels pour un logement et donc la surenchère des prix, comme il l’explique dans le manifeste qu’il a récemment publié. Il estime à 600.000 le nombre de personnes (sur une population totale de 3,3 millions de personnes en Bretagne, selon l’Insee) qui pourrait être relogées grâce sa proposition. En Bretagne, 13% des logements sont des résidences secondaires, selon l’Insee. C’est trois points de plus que pour la France métropolitaine et 5 de plus que pour la France hors Mayotte, toujours selon l’institut. Surtout, en près de 30 ans, leur nombre s’est envolé de près de 38% pour avoisiner les 255.000. Une hausse deux fois plus élevée que celle de la population de la région, sur la même période! En revanche, les prix, après avoir grimpé de 20% ces 5 dernières années, se sont calmés depuis: +5% en 2 ans et +1,8% en un an, selon Meilleurs Agents. Alain Juppé avait dû calmer les Bordelais Nil Caouissin estime que l’augmentation du nombre de résidences secondaires fait courir le risque à des communes bretonnes de se retrouver désertées pendant l’hiver. De quoi mécontenter les locaux qui ont déjà violemment pris en grippe les Parisiens accusés de faire flamber les prix de l’immobilier. C’est le cas aujourd’hui dans le Pays basque. Et il y a plus de 3 ans à Bordeaux. Le maire de l’époque, Alain Juppé, avait dû intervenir en personne. » LIRE AUSSI - Ces pays qui restreignent l’achat d’un logement aux étrangers L’idée du militant de l’UDB n’est pas nouvelle. Il y a trois ans, les nationalistes avaient également réclamé la création d’un statut de résident. Idée rejetée par Emmanuel Macron au nom du droit de la propriété. «Il n’est pas question de fermer la porte à celles et ceux qui veulent venir ou revenir vivre en Bretagne, assure Claire Desmares-Poirrier, tête de liste EELV en Bretagne pour les élections régionales. L’installation de nouveaux arrivants est une chance pour autant qu’il s’agisse de futurs résidents permanents et que l’on parvienne à organiser l’accueil d’une manière soutenable sur le plan écologique comme sur le plan social.» Une manière de se dédouaner des violences à l’égard des Parisiens qu’une telle mesure pourrait provoquer. Cette mesure n’a donc a priori aucune chance de voir le jour. D’autant qu’elle devrait être jugée anticonstitutionnelle par le Conseil constitutionnel au nom de l’égalité des Français face à l’accès à la propriété. Le militant de l’UDB souhaite, de son côté, que le dispositif soit testé par le conseil régional de Bretagne.